Contexte #
Le 22 novembre 2023, quelques jours seulement après la reconduction de l’autorisation pour dix ans du glyphosate dans l’Union européenne, les eurodéputés étaient invités à adopter leur position relative au règlement sur l’usage durable des pesticides (SUR)1.
Élément central du Pacte vert de l’UE, ce texte, présenté en juin 2022 par la Commission, prévoyait de réduire de moitié d’ici 2030 l’utilisation et les risques à l’échelle de l’UE causés par les produits phytosanitaires chimiques, et jusqu’à 65% pour les plus dangereux d’entre eux (par rapport à la période 2015-2017).
Autres objectifs majeurs affichés par la Commission européenne : accélérer dans l’ensemble des Etats membres la transition vers des modèles de production agroécologiques, en orientant notamment une partie des fonds de la Politique Agricole Commune (PAC) à cet effet, et mieux protéger les citoyens européens en « définissant des zones écologiquement sensibles » (sites Natura 2000, proximité des hôpitaux et des écoles maternelles, lieux de travail et d’habitation) dans lesquelles l’utilisation des produits phytosanitaires devait être complètement interdite.
Action des lobbys #
Le lobby des pesticides en Europe, Croplife Europe2, qui a notamment pour membre Bayer (ex Monsanto)3 s’est mobilisé, y compris via ses organisations nationales4 pour tenter de convaincre les eurodéputés de réduire l’ambition du texte.
Sa cible : non pas simplement l’objectif symbolique des -50% mais le report de l'échéance à 2035 (contre 2030) en modifiant la période de référence aux années 2011, 2012, 2013, facilitant mécaniquement l’atteinte des objectifs. Ainsi, la marge de réduction en a été fortement impactée, dénaturant par la même occasion la portée de cet objectif.
Plusieurs autres amendements, rédigés et transmis par le lobby des pesticides proposaient de torpiller l’ambition initiale du texte comme la suppression de l'interdiction de l’usage des pesticides dans les « zones écologiquement sensibles5 ».
Résultat du vote #
Les amendements visant à repousser l’échéance à 2035, notamment l'amendement 4646 et à modifier la période de référence ont été adoptés à 380 voix contre 271.
Déjà adoptés en octobre en Commission Agriculture, ceux visant directement les « zones sensibles » ont eux aussi été adoptés7.
Jugé comme ayant été vidé de sa substance, notamment par les élus de gauche européenne (Socialistes, Verts, gauche radicale), le texte amendé a été rejeté lors du vote final par 299 voix (207 pour, 121 abstentions) par les eurodéputés réunis en plénière en novembre 20238.
Dans un vote distinct très serré, les eurodéputés ont par ailleurs refusé tout renvoi en commission parlementaire9, ce qui aurait permis à la Commission de soumettre une nouvelle version.
Il n’y aura finalement pas eu de réglementation des pesticides sous ce mandat.
Les députés RN qui ont voté pour :
Résultat du vote visant à repousser l'échéance à 2035 :