Contexte #
En avril 2021, la Commission européenne a présenté sa proposition de loi relative à l’intelligence artificielle : l’Artificial Intelligence Act1. Objectif : encadrer par des règles communes le développement de cette technologie qui présente un énorme potentiel mais aussi des risques, notamment pour la démocratie.
Ces règles reposent sur un principe simple : celui de séparer les pratiques et technologies entre celles qui doivent être purement et simplement interdites, et celles qui doivent être soumises à des régulations plus fortes selon une approche fondée sur le niveau de « risque » qu’elles représentent.
Entre-temps, l'intelligence artificielle a connu une montée en puissance fulgurante avec l’avènement de l’IA générative et le lancement d’outils conversationnels tels que ChatGPT, Gemini, etc. Ce développement a incité les parlementaires à accélérer le rythme des négociations.
En février de l’année suivante, les rapporteurs du texte ont proposé que les systèmes d'IA générant des textes complexes sans surveillance humaine fassent partie de la liste des technologies « à haut risque » - une mesure qui visait notamment à empêcher ChatGPT de produire de la désinformation à grande échelle.
Action des lobbys #
Inacceptable par les grandes entreprises du secteur, qui sont entrées en action contre cette proposition.
Par l'intermédiaire de leurs fédérations professionnelles, mais aussi de startups nationales, un intense lobbying a été mené par les GAFAM pour préserver cette nouvelle technologie2.
Une enquête récente menée par Corporate Europe Observatory3 a par exemple montré comment Microsoft et Google, avaient fait pression sur les décideurs politiques de l'UE pour qu'ils préservent des applications comme ChatGPT (dont Microsoft est l’un des principaux investisseurs) des obligations imposées aux systèmes d'IA à haut risque.
Ainsi, DOT Europe4, organisation professionnelle européenne qui rassemble les principaux acteurs de l'économie des plateformes en Europe, dont Apple, Google, Facebook ou encore Microsoft5, s’est elle aussi mobilisée en transmettant à plusieurs reprises, notes de positions et mails aux députés présentant ses recommandations.
Systématiquement, DOT Europe a mis en avant le « risque que fait peser cette réglementation sur les Petites et moyennes entreprises (TPE) et Très petites entreprises (TPE) »6, et présenté cette proposition comme susceptible de fragiliser l’économie européenne.
En juin 2023, à l’approche du vote du texte, l’amendement 7917 proposé par les eurodéputés Kosma Zlotowski et Adam Bielan, au nom du groupe ECR (groupe d'extrême droite) proposait d’inclure dans le texte un considérant visant à présenter l’intelligence artificielle comme « l’occasion unique d’accroître la productivité, la prospérité, le confort de la vie et le bien-être au travail » et d’ajouter que le texte ne devrait pas « en ralentir le développement ».
Un amendement suivi de très près par Dot Europe, qui, sur X (anciennement Twitter)8, a appelé directement les eurodéputés à soutenir les amendements présentés par les deux députés.
Résultat du vote #
L’amendement 791 a été rejeté par les parlementaires par 439 voix contre 1589.
Les députés RN qui ont voté pour :
Résultat du vote de l'amendement visant à considérer l’intelligence artificielle comme une activité « capable d’accroître la productivité » :